La santé physique au travail
Les accidents du travail et les maladies professionnelles représentent des enjeux sociaux et économiques majeurs que l'on oublie parfois tant il est question aujourd'hui des risques psychosociaux.
L'accident résulte le plus souvent d'un enchaînement de causes et de négligences. Il n'est jamais anodin. Il peut révéler une faille dans le dispositif de sécurité. Son analyse est donc nécessaire pour établir les causes de l'accident et éviter qu'il ne se reproduise.
Le nombre d'accidents du travail stagne ces dernières années, à un niveau élevé d'environ 700 000 par an dont plus de 44 000 accidents graves. Les secteurs les plus concernés sont la construction, l'industrie du bois et du papier, la propreté et le nettoyage et les transports. Ils sont plus nombreux dans les entreprises de taille intermédiaire comptant entre 10 et 500 salariés et parmi les ouvriers.
Au delà des conséquences sur leur santé, les victimes d'accidents vivent parfois des phénomènes de stigmatisation ou d'exclusion lorsqu'elles reprennent le travail. La reprise du travail se fait le plus souvent dans un climat d'indifférence ou de déni de l'accident.
Que dire lorsque des petites remarques sont faites pour assimiler la période de soins à « de petites vacances » ! C'est souvent le cas lorsque le salarié accidenté n'est pas remplacé.
Cela peut aboutir à une désolidarisation des collègues notamment lorsqu'ils sont amenés à travailler davantage.
Pour tout arrêt de travail au moins égal à huit jours consécutifs à un accident du travail, dès lors qu'il est reconnu par la sécurité sociale, une visite de reprise auprès du médecin du travail est normalement obligatoire.
Selon l'article R.4624-22 du Code du Travail, cette visite doit permettre « d'apprécier l'aptitude médicale du salarié à reprendre son ancien emploi »
. Déclaré « apte »
, l'accidenté est censé pouvoir reprendre sans rien exiger concernant la protection de sa santé.
C'est ce qui fait que des salariés sont victimes d'accidents à répétition ou de rechutes.
Il y a aussi les salariés licenciés pour inaptitude, ceux qui ont préféré quitter leur emploi plutôt que de continuer à travailler dans une ambiance devenue trop dure, ceux qui dans l'intérim ne se voient plus proposer de nouvelles missions après s'être battus pour faire déclarer leur accident du travail. Pourtant la loi du 7 janvier 1981 protège les salariés victimes d'accident du travail ou de maladie professionnelle. Elle prévoit notamment la suspension du contrat de travail de l'accidenté pendant le temps de l'arrêt de travail et interdit à l'employeur de le rompre (sauf pour des motifs non liés à l'accident ou en cas de force majeure et de faute grave du salarié)[1].
Complément :
Année / Nombre | 2005 | 2006 | 2007 | 2008 | 2009 | 2010 |
AT en 1er réglement | 699217 1% | 700772 0,2% | 720150 2,8% | 703976 -2,2% | 651453 -7,5% | 657847 1,1% |
Salariés | 17878256 2% | 17786989 -0,5% | 18263645 2,7% | 18508530 1,3% | 18108823 -2,2% | 18299717 1,1% |
Nouvelles IP | 51938 0,3% | 46596 -10,3% | 46426 -0,4% | 44037 -5,1% | 43028 -2,3% | 41176 -4,3% |
Décès | 474 -24,3% | 537 13,3% | 622 15,8% | 569 -8,5% | 538 -5,4% | 529 -1,7% |
(AT : Accidents du Travail ; IP : Incapacité Permanente)
Les maladies professionnelles ne cessent d'augmenter : 41000 en 2005 et plus de 50000 en 2010.
On estime aujourd'hui qu'elles sont sous-évaluées.
Les secteurs les plus exposés sont l'industrie de la viande, de l'habillement, des équipements du foyer, la blanchisserie et la construction.
Complément :
Année / Nombre | 2005 | 2006 | 2007 | 2008 | 2009 | 2010 |
MP en 1er règlement | 41347 12,1% | 42306 2,3% | 43832 3,6% | 45411 3,6% | 49341 8,7% | 50688 2,7% |
Nouvelles IP | 21507 12,3% | 22763 5,8% | 22625 -0,6% | 23134 2,2% | 24734 6,9% | 24961 0,9% |
Décès | 493 -15,1% | 467 -5,3% | 420 -10,1% | 425 1,2% | 564 32,7% | 533 -5,5% |
Journées d'IT | 691933330 1,5% | 7535058 8,9% | 7842306 4,1% | 8709700 11,1% | 9328041 7,1% | 9771667 4,8% |
(MP : Maladies Professionnelles ; IP : Incapacité Permanente ; IT : Interruptions Temporaires)
Exemple : Sciama Y., (2013), « Bitume. Un toxique professionnel », Le Monde, 23 février, p. 4.
L'exemple suivant illustre l'ambiguïté des entreprises et des pouvoirs publics face au risques liés aux substances toxiques. (consultez le document PDF)
Les évolutions technologiques ont certes permis de diminuer la pénibilité du travail liée notamment aux charges lourdes. D'autres formes de pénibilité issues de postures statiques et/ou inconfortables ne sont pas toujours simples à limiter. D'ailleurs les Troubles Musculo-Squelettiques (TMS) ont beaucoup augmenté ces dernières années.
Les TMS sont des pathologies qui surviennent lorsque les contraintes subies par les articulations sont trop fortes. Elles se développent à l'épaule (tendinite), au coude (épicondylite), au poignet (syndrome du canal carpien). La personne est gênée dans ses mouvements et les douleurs deviennent de plus en plus insupportables.
Prévenir et lutter contre les TMS n'est pas simple car les causes favorisant leur apparition puis leur développement sont multiples : la tâche, la répétitivité des gestes, les conditions matérielles (dimensionnement et encombrement des espaces de travail), les conditions environnementales (température, humidité des espaces de travail), le contexte managérial (reconnaissance du travail, ambiance, estime de soi, sens du travail, solidarité au sein de l'équipe de travail).
Il est intéressant de regarder le témoignage de SERVAL sur la prévention des TMS ici.