Introduction
Le travail a connu, connaît et va connaître encore, des évolutions considérables pour toute une série de raisons : technologiques, économiques, sociologiques voire même écologiques. Or on n'a pas vraiment analysé les implications sur la santé physique et mentale de tous ces changements. Pourtant le travail est un élément essentiel du développement et de l'épanouissement de l'homme et de son identité. Si on l'oublie ou si on le néglige, on crée les conditions d'une dégradation possible de son état de santé.
La France est un pays où l'on consomme beaucoup de tranquillisants, où les médecins du travail alertent régulièrement l'opinion publique sur les coûts psychologiques de l'exigence productive. Des enquêtes conduites par le ministère du travail (DARES) ont d'ailleurs mis en évidence l'impression d'une surcharge et d'une perte d'autonomie dans le travail.
Lorsque l'on compare la France à d'autres pays européens, on constate :
une mortalité ouvrière, par rapport à celle des cadres, plus importante en France que dans les autres pays européens, elle produit une perte moyenne de près de dix années d'espérance de vie ;
et une mortalité avant l'âge de 65 ans plus importante en France que chez nos voisins, à l'exception du Portugal ou de l'ancienne Allemagne de l'Est. Le cancer en est la première cause.
une invalidité plus forte. A âge et sexe égal, les ouvriers ont un excès de risque de 13 % d'entrer en invalidité par rapport à nos voisins.
De nombreux efforts ont été bien sûr engagés en France pour limiter les répercussions négatives du travail sur la santé. Mais le nombre de décès liés aux accidents ou aux maladies professionnelles augmente encore. Il en est de même pour le nombre de personnes exposées à des agents cancérogènes.
Que font les entreprises face à cela ?
Certaines choisissent de contourner les problèmes de santé en externalisant leurs risques.
Elles confient les postes « difficiles » à du personnel intérimaire, à des sociétés sous-traitantes. D'autres ne se soucient de la santé ou de la sécurité au travail que lorsqu'elles ont fini le reste ou encore parce qu'elles sont contraintes de le faire.
D'autres enfin s'engagent pleinement dans la mise en ouvre d'une politique de gestion de la santé au travail. Elles réinterrogent leurs modes d'organisation, d'animation et de contrôle de leurs activités.
Elles questionnent leurs pratiques de gestion et de management et cherchent à limiter au maximum les risques liés au travail.
Il est vraiment temps en France de réaliser que la santé au travail n'est pas qu'une question de texte réglementaire ou qu'un problème de comportements.
Or pendant longtemps dans les entreprises, et encore aujourd'hui pour certaines d'entre elles, la réparation a prévalu sur la prévention, la réactivité sur la pro-activité, l'obligation réglementaire sur la conviction et les procédures sur les résultats concrets.
Commençons par préciser ce que l'on entend derrière la santé au travail.
