La production de connaissances sur les organisations

Les caractéristiques de l'objet étudié

Un chapitre précédent a montré la grande variété des entités que l'on appelle des organisations. En elle-même, cette variété constitue une difficulté et limite a priori la possibilité de formuler des « lois universelles », pour lui préférer l'idée de lois « contingentes » en s'appuyant sur des typologies d'organisations.

Rappel

Pour une présentation des principales typologies, voir chapitre ...

Remarquons au passage qu'une typologie n'est pas en soi une théorie, puisqu'elle remplit d'abord une fonction descriptive et de catégorisation. Cependant, elle possède une utilité en termes de construction théorique dans la mesure où elle constitue une base de réponse à la quatrième question de la démarche de formulation d'une théorie : la question « quand ? ».

Complément

L'idée de formuler des lois « contingentes » est à la base de l'un des courants les plus importants en théorie des organisations, qualifié précisément de « théorie de la contingence ».

Ce courant, orienté vers la découverte de lois circonstancielles, a dominé la discipline à partir des années 1960, jusqu'aux années 1980. Il constitue un exemple d'application, avec une adaptation relativement mineure, du modèle classique de la science au monde des organisations.

Deux phénomènes, au moins, relatifs aux organisations, constituent des obstacles à l'application du modèle classique de la science :

1 – le problème de l'accès à la réalité, ce que l'on peut résumer sous l'expression de « loi de l'ignorance insurmontable »

Si l'on veut étudier les phénomènes organisationnels, il faut pouvoir accéder à des données suffisamment représentatives. Or, il se trouve que l'on ne dispose de données que sur les organisations qui acceptent de se prêter au jeu de la collecte d'informations. Quelle que soit la méthode de collecte utilisée, que ce soit de façon distanciée c'est-à-dire par envoi de questionnaires, ou par observation directe, les informations dont les chercheurs se serviront pour produire des connaissances sur divers sujets pourront toujours être suspectées d'incomplétude, sinon de partialité.

Remarque

Il existe évidemment, en statistique, des méthodes qui permettent d'apprécier le caractère représentatif ou non d'un échantillon d'organisations par rapport à une population donnée. Il n'en reste pas moins que tous les paramètres d'analyse organisationnelle ne se prêtent pas facilement à la mesure et que les paramètres considérés comme pertinents, selon un angle théorique privilégié, ne bénéficient pas nécessairement d'une information suffisamment disponible pour autoriser le jeu des tests statistiques.

2 – le caractère dynamique de l'organisation, objet socialement construit

Les organisations sont le produit de la volonté et de l'action d'individus qui cherchent à réaliser un projet. Tous les participants à une organisation ne jouent pas le même rôle dans la conception de ce projet et le sens de ce dernier peut faire d'objet d'interprétations différentes, mais c'est bien la conduite de ce projet qui sous-tend la dynamique de toute organisation.

Celle-ci présente alors le caractère d'objet socialement construit et en constante évolution à propos duquel la possibilité de mettre au jour des lois universelles, générales ou fixes paraît d'emblée bien compromise, voire illusoire. Cela ne signifie pas qu'aucune tentative n'ait été faite en théorie des organisations pour révéler de telles lois, mais les régularités qui ont ainsi pu être mises en évidence ont un caractère spatio-temporel et sont le fruit des actions des individus plutôt que l'expression d'un ordre sous-jacent qui transcenderait leurs volontés, quand bien même le degré de conscience de leur propre pouvoir resterait limité.

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