Lecture des environnements institutionnels

La bureaucratie comme institutionnalisation de la domination légale-rationnelle

Max Weber peut encore nous aider à comprendre les liens entre institution et organisation si nous nous appuyons sur son concept de bureaucratie comme réalisation de la domination légale-rationnelle, horizon de la rationalisation des sociétés occidentales dès le XXème siècle. Weber distingue en effet trois fromes de domination et met en exergue celle qui correspond au développement de la bureaucratie moderne (voir le tableau ci-dessous). On pourrait dire en quelque sorte que les institutions s'organisent sur la base de principes de droit qui se concrétisent dans l'édiction de règles rationnellement adoptées et impersonnelles.

Tableau récapitulatif 3

Traditionnelle

Charismatique

Légale-rationnelle

  • La domination s'appuie sur la croyance coutumière et quotidienne dans les traditions valables de tous temps et sur la croyance en la légitimité de ceux qui exercent la domination par ces moyens.

  • Elle s'appuie sur

    • L'ancienneté : Le poids de la tradition

    • L'habitude : Les individus veulent et sont habitués à respecter la tradition.

    • L'héritage : Le titulaire du pouvoir est issu d'une lignée liée à l'exercice du pouvoir.

  • Exemple : les monarchies, ...

  • Soumission au caractère exceptionnel ou à la valeur exemplaire de la personne qui exerce le pouvoir.

  • L'obéissance : au chef et non aux règles.

  • Des conditions particulières d'arrivée au pouvoir (Coup d'État,...)

  • La subjectivité des critères de sélection des collaborateurs, du personnel, des alliés (recrutés, cooptés selon leur dévouement au chef)

  • L'instabilité est un risque : Le chef doit constamment mettre en avant les qualités qui le légitiment.

  • Acceptation de la légitimité des règles légales adoptées et du droit de donner des directives qu'ont ceux qui exercent le pouvoir.

  • Les règles sont adoptées rationnellement.

  • Les règles sont formulées de façons abstraite et impersonnelle.

  • Le détenteur du pouvoir est lui aussi soumis au droit (principe de l'État de droit).

  • Les gouvernés obéissent aux règles qui organisent la fonction de détenteur du pouvoir et non à la personne détentrice du pouvoir.

  • Exemples : La bureaucratie moderne, la cinquième république, ...

DéfinitionBureaucratie

Les organisations, Etat des savoirs, Editions des Sciences Humaines, sous la direction de Jean-Michel Saussois, 2012.

Bureaucratie (p. 423) : Avant de devenir un terme péjoratif, la bureaucratie est un modèle d'organisation, formalisé par Max Weber. Si l'idéal-type bureaucratique est illustré par la grande administration, ses principes constituent encore aujourd'hui, une des pierres angulaires du fonctionnement de nombre d'entreprises, d'associations etc.

ComplémentAller plus loin

« Pour représenter les liens réciproques qui unissent l'État et la bureaucratie modernes, il semble que nous puissions prendre comme point de départ cette définition de l'État datant de la dernière période de l'existence et du travail de Weber, que l'on peut lire dans les Concepts fondamentaux de la sociologie : « Nous entendons par État une entreprise politique de caractère institutionnel [politischer Anstaltssbetrieb] lorsque et tant que sa direction administrative revendique avec succès, dans l'application des règlements, le monopole de la contrainte physique légitime. »

Hubert Treiber (professeur émérite de sciences administratives à l'Université Leibniz de Hanovre), État moderne et bureaucratie moderne chez Max Weber, Trivium, 7–2010, [En ligne], mis en ligne le 06 décembre 2010. URL : http://trivium.revues.org/3831

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