Lecture des environnements institutionnels

Introduction

Qu'est-ce-qu'une institution ?

Mary Douglas [1986] écrit dans Comment pensent les institutions ? (Paris, éd La Découverte, 1999) « On entendra institution au sens de groupement social légitimé. L'institution en question peut être une famille, un jeu ou une cérémonie ; l'autorité légitimante peut venir d'une personne – un père, un docteur, un juge, un arbitre ou un maître d'hôtel – ou bien, de façon plus diffuse, se baser sur un consensus ou sur un principe fondateur général. Ce qu'on exclut ici sous le nom d'institution, ces sont des arrangements pratiques purement utilitaires ou provisoires et reconnus comme tels.  »

Cette définition est intéressante à deux titres :

  1. elle dit de quoi peuvent être constitués les environnements institutionnels à savoir de différentes figures de l'autorité légitimante qu'il conviendra de préciser plus loin ;

  2. elle induit une distinction forte entre l'institution comme groupement social légitimé et l'organisation comme lieux d'arrangements pratiques utilitaires et provisoires.

C'est sur cette tension institution/organisation que notre cours débutera. Il s'agira de définir la spécificité du rôle institutionnel au regard du rôle organisationnel. Mais nous verrons aussi que le clivage habituellement établi entre une approche par les valeurs – qui serait celle de l'institution- et une approche par les buts – qui serait celle de l'organisation peut-être aisément remise en question.

Lire les environnements institutionnels consiste alors à reconnaître le rôle central que jouent les institutions tout en analysant le fait que ce rôle est nécessairement protéiforme et parfois prompt à supporter des logiques organisationnelles. (Partie I)

Ces logiques organisationnelles supportées par les institutions sont généralement interprétées comme une forme de contrôle. Cette interprétation est suffisamment répandue et illustrée par des auteurs de renom tels que Michel Foucault et Michel Freitag, pour qu'elle fasse l'objet d'une deuxième partie sur les sociétés du contrôle ; contrôle entendu comme bio-pouvoir par le premier, ou comme gestion technocratique du social pour le second (Partie 2).

Mais au-delà d'une lecture en termes de contrôle, il convient aussi de lire les environnements institutionnels dans leur complexité systémique et d'en faire une analyse sous l'angle de l'action publique. Au-delà de la régulation verticale qui leur est communément attribuée, les institutions sont aussi le lieu d'une régulation horizontale basée sur la polyarchie et la diversité des acteurs concernés. Ainsi la distinction entre politique publique et action publique illustre parfaitement ces nouvelles formes de régulation institutionnelle. (Partie 3)

La dissolution d'un modèle vertical que représente l'institution étatique amène à reconsidérer les formes de régulation à l'œuvre sous l'angle de la gouvernance. La remise en cause de formes classiques de gouvernement conduit à envisager de nouvelles manières de gouverner remettant en question le modèle légal-rationnel au profit de l'intervention non-étatique de nombreux acteurs publics et privés. Mais tout comme la logique entrepreneuriale du New Public Management (NPM) institutionnalise la gouvernance avec les parties prenantes, la logique d'européanisation en cours institutionnalise quant à elle un soft power européen qui agit essentiellement sur la base de la coordination. (Partie 4)

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