Lecture des environnements institutionnels

Distinction Institutions / Organisations

Penser le rôle de l'institution sur les organisations nécessite dans un premier temps de définir la spécificité de l'approche institutionnelle au regard de l'approche organisationnelle.

D'un côté on retiendra que le social n'est pas seulement organisé mais qu'il est aussi symbolique et institué. Les institutions sont le produit d'une histoire sociale traversées par du symbolique, garant de leur cohésion. Les représentations collectives qu'elles génèrent s'appuient sur le sens donné à l'action collective ainsi qu'aux valeurs auxquelles elle fait référence. Elles revêtent des dimensions si ce n'est universelles, au moins collectives et très largement partagées.

D'un autre côté on avancera que les organisations sont au contraire un agencement ponctuel servant à coordonner des parties de la société dans le cadre de configurations particulières bornées par des buts et soutenues par des moyens. L'action collective est ici généralement organisée selon des principes de division des tâches ou de spécialisation.

Fondamental

On pourra résumer en opposant :

  • L'institution, comme œuvre humaine en quête de sens, une sédimentation de pratiques guidées par les valeurs, qui instaure un certain ordre dans un système, et dont les formes sociales sont traversées d'enjeux symboliques ;

  • Et l'organisation, comme association d'individus et de moyens en vue de la réalisation de buts déterminés, une mise en œuvre de pratiques adaptées à des fins, et dont les formes sociales sont tournées vers l'utilité.

Tableau récapitulatif 1

Institution

Organisation

  • Œuvre humaine collective orientée par une quête de sens

  • Actions en valeurs

  • Principes d'ordre dans un système global

  • L'institution est une sédimentation de pratiques

  • Formes sociales traversées d'enjeux symboliques

  • Ensemble d'individus et de moyens orientés vers la réalisation d'une fin

  • Action en finalité

  • Principes d'organisation dans un cas particulier

  • L'organisation est la mise en oeuvre de pratiques adaptées

  • Formes organisées tournées vers l'utilité

Remarque

Mais cette opposition quelque peu manichéenne ne résiste pas à une analyse plus fine. Il est surtout question du point de vue adopté : les institutions peuvent être analysées sous l'angle de leur pragmatisme et de leur utilitarisme, tout comme les organisations peuvent être analysées sous l'angle de leur valeurs ou de leur éventuelle mission d'intérêt général.

ComplémentAller plus loin

Salvador Juan (Professeur, Université de Caen, Centre Maurice Halbwachs) , Le combat de l'Organisation et de l'Institution, SociologieS [En ligne], Théories et recherches, mis en ligne le 22 octobre 2006.

URL : http://sociologies.revues.org/582

« Le débat qui oppose, d'un côté, ceux pour qui les formes sociales se rattachent à l'histoire et sont d'abord traversées d'enjeux symboliques et, de l'autre, ceux qui privilégient une nature humaine fixée dans l'utilité individuelle et un raisonnement en termes d'agrégation de comportements égoïstes / altruistes, est loin d'être clos. Sans doute ne le sera-t-il jamais du fait qu'il rejoint des philosophies opposées de l'homme et de la société et leur arrière-plan idéologique respectif. Mais, au-delà de ces postures éthiques, un consensus sociologique pourrait se créer autour de l'idée que le choix conceptuel permet d'éclairer des aspects totalement distincts de l'action collective. Dire qu'une association, une administration (y compris une collectivité territoriale) ou une entreprise existent comme organisations, c'est les considérer du point de vue pragmatique, utilitaire et stratégique, comme des agents dont l'activité externe répond aux lois micro-économiques du calcul rationnel et de la concurrence sur un marché, y compris pour les secteurs publics et associatifs de plus en plus évalués en vertu de critères d'efficacité quantitative ; les comportements internes étant tout aussi utilitaires le plus souvent. Admettre que ces formes sociales peuvent obéir à des logiques institutionnelles, c'est les regarder du point de vue de leur mission d'intérêt général, de leur vocation, des valeurs qui les orientent ou qu'elles mettent en œuvre et de la mémoire sociale qu'elles conservent, y compris pour les entreprises. Le point de vue organisationnel privilégie les groupements d'intérêts catégoriels et matériels tout en suivant le fil de la division du travail social et en prenant acte des processus consécutifs de diversification. De son côté, le regard institutionnel se centre sur les enjeux symboliques de cohésion et d'intégration sociale globale. Au plan des principes, le premier est relativiste tout en structurant verticalement la collectivité alors que le second est universaliste et tend à l'unifier au plan horizontal. »

DéfinitionOrganisation

Encyclopédie de la gestion et du management, sous la direction de Robert Le Duff, éditions Dalloz, 1999

Organisation (p. 871) : Dans un premier sens, les organisations désignent des groupements humains qui coordonnent leurs activités pour atteindre les buts qu'ils se donnent. Elles sont de nature économiques (entreprises), sociale (syndicats), politique (partis) ou religieuses (églises).

DéfinitionInstitution

Encyclopédie de la gestion et du management, sous la direction de Robert Le Duff, éditions Dalloz, 1999

Institution (p. 499) : De façon générale, une institution est intentionnelle (elle répond à des objectifs déclarés), permanente (elle obéit à des schémas culturels dont l'évolution est lente) et chargée de valeurs (elle s'appuie sur des normes assez marquées).

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