Introduction au management des universités

Les acteurs-clefs ou parties prenantes

En interne

Il y a trois grands types d'acteurs internes :

Les enseignants chercheurs

Les enseignants chercheurs, qui sont déterminants car ils assurent les fonctions principales de l'université – la formation et la recherche. C'est parmi eux qu'on choisit un Président et son équipe.

Complément

Les enseignants chercheurs organisent le pouvoir interne par l'élection d'un président et de son équipe tous les quatre ans. En voici trois modalités possibles parmi d'autres :

  • une gouvernance avec un président de conglomérat (porteur de stratégie d'ensemble) en lien avec des opérateurs de domaines, chargés d'une stratégie adaptée à leur secteur et en concertation à l'intérieur avec des responsables de masters ou d'activités regroupées et des responsables de laboratoires ou d'équipes de recherche. Les vice-présidents sont alors des fonctionnels actifs regroupant des services aidant ces opérateurs. Ce type de gouvernance est dynamique, car il est basé sur l'activation des productions essentielles.

  • une gouvernance fonctionnelle, plus dangereuse, avec une équipe autour d'un président centralisateur qui tient ses adjoints et les garde sous tutelle. Les vice-présidents se donnent du pouvoir par contrôle de leur territoire d'action ou par imposition de règles bureaucratiques. Les responsables opérationnels sont jugés comme des cadres d'application, des relais de la stratégie d'ensemble pour que ça marche droit sur le terrain !

  • un système intermédiaire, qui n'est pas sans attraits. C'est celui :

    1. de transversalités actives, fortes, créant des impulsions générales ;

    2. de grosses composantes susceptibles de gérer des ensembles interactifs et solidaires ;

    3. de chevau-légers (créés pour des raisons précises – innovations, secteurs d'activité pointus ou très spécifiques), dont la structuration correspond alors à des besoins de contexte ou de dynamisation appropriée.

Les Biatos

Les BIATOS (personnels administratifs et techniques), à qui on n'accorde pas toujours la place et l'importance qu'ils méritent. Ils coordonnent les formalisations administratives et les services techniques sous la tutelle d'un Directeur général.

Complément

Les BIATOS qui sont plutôt en position de réaliser techniquement ou instrumentalement les décisions politiques, peuvent aussi :

  1. les canaliser (par leur compétence en règlementations, faisabilité pratique, etc.) ;

  2. les prendre en charge eux-mêmes (par carence ou manque de temps des politiques).

Ils gèrent des domaines d'expertise techniques où ils sont incontournables. Plus les décisions dépendent de règles générales, de normes ou de technologies précises, plus ils ont un pouvoir de fait.

Les étudiants

L'influence des étudiants est complexe :

  1. ils sont présents dans la gouvernance d'ensemble (places aux conseils, VP spécifique) ;

  2. ils sont au cœur des activités-clefs : apports en formation, diffusion des résultats de recherche, insertion professionnelle, accompagnements pédagogiques divers, qualité de vie sur le campus, aides psychologiques ou financières si besoin, etc ;

  3. ce sont des forces de dynamisation et de perturbation très importantes. Meneurs lors de conflits, régulateurs en pédagogie, ils peuvent être manipulés par certains enseignants ou syndicats et entrer dans des luttes où on les prend comme alliés.

Finalement ...

Dans le jeu interne, on peut observer trois types d'ajustements politiques :

  1. celui des négociations traditionnelles avec l'environnement (les ressources sont conditionnées aux objectifs et à leurs réalisations) ;

  2. celui des équilibres internes entre différentes catégories d'acteurs : selon les disciplines scientifiques représentées ; selon les appartenances « fonctionnelles » (en UFR ou dans des écoles à dispositifs dérogatoires ou autonomie sectorielle), etc.

  3. celui des dispositifs de certification ou de contrôle formel, obligeant les universités à rentrer « de façon autonome » dans des moules normatifs qui peuvent bloquent ou entraver leur flexibilité stratégique.

En externe

Entre le Ministère (fonctionnant comme tutelle) et les universités dites autonomes (se coordonnant ou non à la CPU (Conférence des Présidents d'Université) ou dans des PRES (Pôles Régionaux d'Enseignement et de Recherche), avec intervention directe ou non de partenaires régionaux, il y a des acteurs intermédiaires suscités par l'Etat pour injecter de l'expertise, de la norme ou du contrôle d'activités :

  • le CNU (Conseil National des Universités, réparti en sections disciplinaires) pour gérer la qualification et la promotion des enseignants chercheurs (c'est une évaluation surtout par la recherche, en laissant le soin aux instances locales d'évaluer les potentiels de formation et les engagements institutionnels divers) ;

  • l'AERES (Agence d'évaluation de la Recherche et de l'Enseignement Supérieur) pour offrir un regard critique sur la qualité des parcours de formation (licences et masters, actuels ou en projet), ainsi que sur l'activité des centres de recherche (leurs résultats et leurs perspectives) ;

  • la DGES (Direction générales des enseignements supérieurs) par rapport à la cohérence et à l'intérêt des projets d'établissement, en lien avec des données de fonctionnement rapportées à des barèmes préétablis (chercheurs ayant publié, effectifs étudiants) ;

  • l'Inspection générale pour auditer l'organisation de l'université (sa structuration, ses processus décisionnels, son implantation territoriale, ses réalisations). Ou pour réagir à un problème accidentel, à un imprévu nécessitant intervention, etc.

Ces contrepouvoirs permettent d'équilibrer le jugement. Ils apportent une distanciation critique, fondée sur des critères généraux. En ce sens, ils complètent les évaluations locales en situation, basées plutôt sur des faits d'observation et des comportements concrets.

Complément

Néanmoins, il y a toujours le risque d'une fausse expertise, basée non sur la compréhension du réel, mais sur l'imposition de normes ou de réglementations. On peut accepter un pouvoir juridique de « cadrage », ou détenu par des gens qui « expliquent comment mieux faire ». Mais si le pouvoir consiste à rappeler les « interdits » ou à imposer les « prescriptions », il devient limitatif et aliénant. Il détourne le « pouvoir faire » des compétences pratiques (celles qui « savent s'y prendre) vers le « droit de faire » des compétences juridiques (parce qu'on y a droit).

Beaucoup de pouvoir est pris, dans les universités, non par des entrepreneurs qui activent des projets en rapport avec les évolutions des environnements, mais par des détenteurs d'expertise ou de normes qui modèlent à leur façon les comportements des autres.

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