Stratégie et complexité : de la place du dirigeant
D'une manière générale, on ne peut analyser et comprendre la stratégie d'une entreprise de média sans s'intéresser à son dirigeant. Ce n'est évidemment pas suffisant mais la question est centrale, de nombreux exemples nous l'attestent au niveau international : Ruppert Murdoch aux USA, Robert Hersant en France, Carl Bertelsmann en Allemagne ou encore Youssou N'Dour au Sénégal.
A travers une approche originale fondée sur une perspective psychanalytique, Manfred Kets de Vries propose d'analyser la stratégie d'une entreprise à partir de ce qu'il appelle les « styles névrotiques ».
Partant de l'hypothèse que « le poisson pourri par la tête », il a construit une typologie qui permet de comprendre le système managérial à l'œuvre dans une organisation et par conséquence, la logique inhérente à la prise de décision.
Tout repose sur le transfert qu'un dirigeant opère sur l'organisation dont il a la charge. Le dirigeant transfèrera ses « états affectif », ses difficultés personnelles et émotionnelles par exemple, sur l'organisation et les personnes dont il a la responsabilité.
Définition :
« « Sommairement défini, le transfert est la projection par le sujet d'un état affectif sur une certaine personne ; plus précisément, les sentiments que le sujet éprouve aujourd'hui à son égard, la façon dont il agit, reproduisent une attitude ancienne à l'endroit d'une figure importante de son passé : c'est la tendance de chacun à interpréter son expérience à la lumière du passé »
»
En ce sens, une organisation peut devenir prisonnière de l'état « névrotique » d'un dirigeant. Cet état peut permettre d'expliquer certains dysfonctionnement ou même le climat de travail spécifique à une structure.
Manfred Kets de Vries repère ainsi 5 styles névrotiques majeurs du point de vue du dirigeant :
paranoïaque
compulsif
théâtral
dépressif
schizoïde
Chacune de ces névroses individuelles renvoie à un système managérial déterminé directement par le comportement du dirigeant. Ce mode de fonctionnement possède à chaque fois ses propres avantages et ses propres faiblesses.