Présentation générale des théories des organisations

Les clivages d'ordre épistémologique

Les différents courants en théorie des organisations s'opposent également quant aux modalités de production de connaissance sur les phénomènes organisationnels et les critères sur la base desquels les discours produits peuvent être évalués et légitimés. Ce débat oppose les tenants d'une ontologie réaliste et d'une épistémologie positiviste, qui considèrent l'organisation comme une réalité objective ouverte à l'explication en termes de principes généraux ou de lois universelles (à l'instar de phénomènes naturels), à ceux qui l'appréhendent comme un artefact socialement construit dont la compréhension ressortit à des conventions méthodologiques hautement locales et spécifiques, toujours ouvertes à la révision. Cette opposition radicale (positivisme/objectivisme vs constructivisme/relativisme) a suscité des propositions de dépassement mais reste largement présente dans l'analyse organisationnelle.

G. Burrell et G. Morgan ont proposé et popularisé un reclassement des différentes positions sur les plans ontologique et épistémologique. Ces deux auteurs considèrent que les théories sociales en général, et les théories des organisations en particulier, peuvent être reclassées en quatre grands courants reflétant chacun certaines hypothèses fondamentales quant à la nature de la science ou de la connaissance (sa dimension objective ou subjective) et la nature de la société (la préoccupation pour l'ordre et la régulation ou pour le changement radical) :

  • le paradigme “ fonctionnaliste ” : il est fondé sur l'hypothèse selon laquelle la société a une existence concrète, réelle et possède un caractère systémique qui contribue à produire un état ordonné et régulé. Il est alors possible d'élaborer une science objective, libre de valeurs, le scientifique étant distancié de ce qu'il analyse selon une méthode rigoureuse ;

  • le paradigme “ interprétatif ” : ce qui passe pour une réalité sociale n'existe pas au sens concret mais est le produit de l'expérience subjective et intersubjective des individus. La société est comprise du point de vue du participant en action plutôt qu'à celui de l'observateur. Il existe un ordre sous-jacent au monde social, mais il n'est pas possible d'élaborer une science sociale objective ;

  • le paradigme “ humaniste radical ” : la réalité est socialement créée et maintenue mais les individus deviennent prisonniers de la réalité qu'ils créent. Le processus de création de la réalité est influencé par des processus psychiques et sociaux qui contraignent les individus et jouent un rôle aliénant. Le problème est de savoir comment les individus peuvent articuler pensée et action pour transcender cette aliénation ;

  • le paradigme “ structuraliste radical ” : comme pour le paradigme précédent, la société est considérée comme une force potentiellement dominante mais qui existe indépendamment de la façon dont elle est perçue et réaffirmée par les individus. Cette réalité est considérée comme marquée par des contradictions qui conduisent inévitablement à des changements radicaux.

PrécédentPrécédentSuivantSuivant
AccueilAccueilImprimerImprimer © 2014 IAE de Lille - École Universitaire de Management Paternité - Pas d'Utilisation Commerciale - Partage des Conditions Initiales à l'IdentiqueRéalisé avec Scenari (nouvelle fenêtre)