Présentation générale des théories des organisations

Conclusion

L'image actuelle que donne la théorie des organisations, après plus d'un siècle de développement, est moins celle d'une discipline parvenue à une phase “ normale ”, qui bâtit ses programmes sur la base d'un cadre théorique fortement institutionnalisé, que celle d'une discipline en phase de “ révolution ” où s'affrontent une pluralité de cadres d'interprétation. L'orthodoxie dominante qu'ont nourrie les cadres d'interprétation rationnel, organique et économique, est désormais contestée par des courants critique, post-moderniste, institutionnel, interactionniste, qui expriment d'autres points de vue.

Une telle situation suscite des réactions variées chez les acteurs du processus de théorisation. Certains en appellent à une restauration de l'orthodoxie, soit qu'ils considèrent que l'approche traditionnelle, fonctionnaliste et positiviste, garde l'essentiel du pouvoir explicatif (c'est, par exemple, la position de L. Donaldson qui défend vigoureusement la théorie de la contingence), soit que l'absence de paradigme unifié leur apparaisse comme une menace pour la survie même de la discipline (c'est la position d'un auteur comme J. Pfeffer). D'autres, considérant le caractère incommensurable des paradigmes tablent plutôt sur leur prolifération et leur développement distinct. D'autres enfin, reconnaissent les différences importantes entre courants théoriques mais proposent de rompre précisément avec une mentalité “ paradigmatique ” pour entretenir un dialogue entre les différents cadres d'interprétation de façon à mieux saisir la complexité des réalités organisationnelles et à tenir compte de l'incomplétude de toute théorisation. Cette dernière attitude ne vise pas l'élaboration d'une synthèse artificielle, les clivages qui caractérisent les analyses des organisations restant forts, mais elle semble plus en accord avec une certaine tradition de réflexivité et d'analyse critique qui caractérise l'étude des organisations comme champ disciplinaire. C'est la confrontation des traditions rivales qui procure le dynamisme intellectuel sans lequel l'analyse organisationnelle ne pourrait se développer et s'approfondir pour bâtir des théorisations évitant à la fois les excès du réductionnisme et du déterminisme et les impasses du conservatisme ou du relativisme poussés à l'extrême.

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