Lecture des environnements institutionnels

Le nouveau cadre de l'action publique ?

Nous proposons ici de distinguer politiques publiques (dans le sens où elles sont portées par des institutions) et action publique (dans le sens où elles sont portées par une multitude d'acteurs non-institutionnels).

Chez Lascoumes et le Galès (Gouverner par les instruments, 2005) on retiendra les éléments de distinctions suivants :

Tableau récapitulatif 6

L'action publique est caractérisée

La politique publique est caractérisée

  • par le nombre et la diversité des acteurs publics et privés, individuels et collectifs sollicités ;

  • par les processus de co-construction et de co-décision à l'œuvre ;

  • par la nature composite et fragmentée des outils sur lesquels il s'appuie ;

  • ainsi que par les processus de régulation autres que politiques à l'œuvre.

  • par une initiative institutionnelle ;

  • par une approche plus dirigiste (qu'on qualifie de Top Down) ;

  • par un processus de décision plus centralisé;

  • par une distinction plus claire entre décideurs et bénéficiaires ;

  • par un panel de mesures conditionnées par des critères d'accessibilité.

D'un côté l'approche "action publique" traduit donc la perception d'une complexité systémique qui se révèle dans :

  • la fragmentation des outils,

  • l'ambigüité du statut des parties prenantes impliquées,

  • la complexité des processus de décisions qui en découlent,

  • et l'éclatement de ses modes d'implémentation (de mise en œuvre).

D'un autre côté l'approche « action publique » semble fournir des possibilités de réponses plus adaptées aux besoins des usagers par :

  • la proximité pour mieux comprendre l'usager,

  • la spécialisation pour répondre plus spécifiquement à ses besoins,

  • la décentralisation et la prise en compte des logiques de territoires,

  • la mise en œuvre d'initiatives Bottom up  (proposées à l'institution par le bas) plutôt que « Top down » (imposées par l'institution par le haut).

Fondamental

Tableau récapitulatif 7

Caractéristiques des politiques publiques

Caractéristiques de l'action publique

  • Constituées d'un ensemble de mesures concrètes ;

  • Basées sur des mesures autoritaires et des critères d'accessibilité ;

  • Inscrites dans un cadre général en opposition à un ensemble de mesures isolées ;

  • Adressées à des publics impactés par ces politiques ;

  • Tournées vers des objectifs et des buts à atteindre.

  • Organisée sur une grande diversité de dispositifs ;

  • Une grande polyarchie institutionnelle entraînant une régulation multipolaire ;

  • Participant d'une construction collective ;

  • Offre la possibilité de confrontations de logiques contradictoires ;

  • Dépasse la séparation classique entre Etat, société et marché ;

  • Nombreux dispositifs et outils ;

  • Processus de la codécision et participation des parties prenantes à la définition des objectifs.

L'approche Action publique permet en outre d'atteindre une compréhension « au cœur des phénomènes » (Musselin, 2005).

Elle permet :

  • de relativiser le rôle des faiseurs de politiques,

  • de prendre la mesure de la complexité de l'entrelacs composé des acteurs publics et privés investis, dont l'expression des intérêts, les modes de négociation ou de régulation sont parfois contradictoires,

  • d'interroger la cohérence du discours véhiculé par les institutions,

  • de mettre en regard les objectifs affichés et les moyens organisationnels et des ressources mobilisés.

ComplémentAller plus loin

« D'une manière générale, les sociologues de l'action organisée et les sociologues politiques utilisent plus volontiers l'expression « action publique » que celle de "politiques publiques". Ils signifient ainsi que la première ne se réduit pas aux secondes, mais, au contraire, les englobe et que l'exercice du pouvoir politique ne se donne pas à voir seulement à travers les réformes, mais aussi dans l'action "en train de se faire". Cela a des implications sur la manière dont les uns et les autres découpent leurs objets de recherche. En effet, la sociologie de l'action organisée privilégie généralement une entrée par l'organisation plutôt que par la réforme, par les programmes, par les mesures gouvernementales ou par les décisions. »

« En cela, la sociologie de l'action organisée est proche des travaux qui utilisent la notion de policy networks comme outil heuristique d'analyse d'un secteur (donné ou en émergence) ou bien des néo-institutionnalistes historiques quand ils prennent en compte le fonctionnement des institutions pour analyser un domaine d'intervention de l'État. En conséquence, pour le sociologue de l'action organisée, la stabilité est aussi intéressante que le changement ou, pour le dire autrement, il n'est pas nécessaire qu'il y ait un changement (une réforme, un nouveau gouvernement, un choc économique, la diffusion d'une nouvelle doctrine, etc.) pour s'intéresser à un secteur »

Pour aller plus loin, lire Christine Musselin, Sociologie de l'action organisée et analyse des politiques publiques : deux approches pour un même objet ?, Revue française de science politique, 2005/1 Vol. 55, p. 51-71. DOI : 10.3917/rfsp.551.0051

URL : http://www.cairn.info/resume.php?ID_ARTICLE=RFSP_551_0051

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