Le nouveau cadre de l'action publique ?
Nous proposons ici de distinguer politiques publiques (dans le sens où elles sont portées par des institutions) et action publique (dans le sens où elles sont portées par une multitude d'acteurs non-institutionnels).
Chez Lascoumes et le Galès (Gouverner par les instruments, 2005) on retiendra les éléments de distinctions suivants :
L'action publique est caractérisée | La politique publique est caractérisée |
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D'un côté l'approche "action publique" traduit donc la perception d'une complexité systémique qui se révèle dans :
la fragmentation des outils,
l'ambigüité du statut des parties prenantes impliquées,
la complexité des processus de décisions qui en découlent,
et l'éclatement de ses modes d'implémentation (de mise en œuvre).
D'un autre côté l'approche « action publique » semble fournir des possibilités de réponses plus adaptées aux besoins des usagers par :
la proximité pour mieux comprendre l'usager,
la spécialisation pour répondre plus spécifiquement à ses besoins,
la décentralisation et la prise en compte des logiques de territoires,
la mise en œuvre d'initiatives Bottom up (proposées à l'institution par le bas) plutôt que « Top down » (imposées par l'institution par le haut).
Fondamental :
Caractéristiques des politiques publiques | Caractéristiques de l'action publique |
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L'approche Action publique permet en outre d'atteindre une compréhension « au cœur des phénomènes » (Musselin, 2005).
Elle permet :
de relativiser le rôle des faiseurs de politiques,
de prendre la mesure de la complexité de l'entrelacs composé des acteurs publics et privés investis, dont l'expression des intérêts, les modes de négociation ou de régulation sont parfois contradictoires,
d'interroger la cohérence du discours véhiculé par les institutions,
de mettre en regard les objectifs affichés et les moyens organisationnels et des ressources mobilisés.
Complément : Aller plus loin
« D'une manière générale, les sociologues de l'action organisée et les sociologues politiques utilisent plus volontiers l'expression « action publique » que celle de "politiques publiques". Ils signifient ainsi que la première ne se réduit pas aux secondes, mais, au contraire, les englobe et que l'exercice du pouvoir politique ne se donne pas à voir seulement à travers les réformes, mais aussi dans l'action "en train de se faire". Cela a des implications sur la manière dont les uns et les autres découpent leurs objets de recherche. En effet, la sociologie de l'action organisée privilégie généralement une entrée par l'organisation plutôt que par la réforme, par les programmes, par les mesures gouvernementales ou par les décisions. »
« En cela, la sociologie de l'action organisée est proche des travaux qui utilisent la notion de policy networks comme outil heuristique d'analyse d'un secteur (donné ou en émergence) ou bien des néo-institutionnalistes historiques quand ils prennent en compte le fonctionnement des institutions pour analyser un domaine d'intervention de l'État. En conséquence, pour le sociologue de l'action organisée, la stabilité est aussi intéressante que le changement ou, pour le dire autrement, il n'est pas nécessaire qu'il y ait un changement (une réforme, un nouveau gouvernement, un choc économique, la diffusion d'une nouvelle doctrine, etc.) pour s'intéresser à un secteur »
Pour aller plus loin, lire Christine Musselin, Sociologie de l'action organisée et analyse des politiques publiques : deux approches pour un même objet ?, Revue française de science politique, 2005/1 Vol. 55, p. 51-71. DOI : 10.3917/rfsp.551.0051
URL : http://www.cairn.info/resume.php?ID_ARTICLE=RFSP_551_0051