Gestion des changements

Les arrangements réciproques entre techniques et organisations

La technologie transforme les espaces où elle s'installe, mais la résistance des lieux la réaménage.

Localement, les usages reconfigurent la technologie. Au mieux, les changements s'effectuent sans crise, par assimilation relative des techniques qu'on a fait venir de l'extérieur.

Plus souvent, l'accommodement n'est que partiel, parfois même inconfortable, avec des résidus mal digérés ou des déplacements d'équilibres. L'interpénétration de plusieurs systèmes (l'ancien, le nouveau) produit des interférences. Cela mène à des superpositions et, parfois, à des imbrications plus ou moins opportunes. Les aménagements sont d'autant plus souples (et acceptés) qu'ils sont discutés et réfléchies par les acteurs en présence.

Complément

Comme le montrent les spécialistes de la mise en œuvre instrumentale, en sociologie comme en gestion, on n'est totalement acteur qu'en restant pour partie autonome à l'égard du changement, donc en s'y opposant d'autant plus que ses initiateurs en espèrent de la soumission.

Sans résistance, il n'y a pas de changement. Ou du moins pas de changement intériorisé par les acteurs.

C'est dans l'évolution en partie combattue et réajustée, avec des résultats parfois inattendus ou surprenants, que le projet de changement peut se mûrir et s'intégrer vraiment.

Les initiateurs de changement ont souvent peur, avec les discussions, que les résultats soient moins performants qu'escompté (sous l'aspect technique ou économique). Car il faut composer avec des besoins particuliers (qui consomment du temps, de l'énergie ou des fonctionnements collectifs).

Mais l'opérationnel est souvent plus compliqué que prévu. C'est donc une bonne chose qu'il tienne compte d'enjeux personnels ou d'attentes collectives dont les managers ont parfois trop vite le sentiment qu'ils pourraient se passer.

Complément

Grâce aux technologies de la communication, le travail se transforme à deux niveaux :

  • par la multiplication des réseaux

  • par l'importance que prend la connaissance dans la valeur ajoutée des produits et des services vendus.

Mais le jeu d'agencement des pratiques sociales est ouvert.

Il mêle des rationalités technico-économiques (orientées vers des objectifs opératoires dont on aimerait qu'ils soient partagés par tous) et des rationalités sociopolitiques (éclatées en fonction des intérêts ou des valeurs affichés par les partenaires en présence).

Au pire, le saupoudrage politique dilue les effets productifs, avec des conflits dont la conséquence est de bloquer ou de brider certaines actions concrètes. Au mieux, l'exigence sociale est conçue comme un moyen d'adapter plus finement l'action collective.

En fonction de leurs caractéristiques (acteurs, contextes), les territoires organisationnels sont plus ou moins propices à certaines technologies. Mais avec le temps, les ajustements finissent par se faire. Si les techniques ont la vie dure, les lieux qui leur étaient hostiles finissent par muter ou disparaître. Et vice-versa.

Au fond, l'une des principales stratégies de la vie (personnelle et organisationnelle) tient aux renoncements qu'on accepte de faire (Viorst, 1988) : qu'il s'agisse d'envies, d'avidités ou d'influences, de modes de structuration ou de production, de sécurités, de croyances ou de traditions, de conceptions du monde ou de représentations de l'action.

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