Introduction au management des universités

Attention à la variété requise ou loi d'ASHBY

ROSS ASHBY est un des auteurs les plus célèbres du courant systémique. Il a travaillé sur la VARIETE des systèmes, autrement dit le nombre de leurs configurations possibles (comportements, fonctionnements, structurations). Il en a tiré un principe de variété requise.

Définition

Un système S1 (système de contrôle) ne peut assurer la régulation d'un système S2 (système contrôlé) que si sa variété est supérieure ou au moins égale à celle de S2.

Autrement dit, si un système régulateur n'est pas aussi complexe que le système dont il assure le contrôle, il ne va en réguler que la partie correspondant à son niveau de complexité.

Dans un tel cas, soit il réduit les potentiels du système contrôlé (en lui imposant ses propres limitations), soit il se fait déborder par lui.

Il existe souvent des modes de contrôle qui à la fois contraignent et se font déborder.

Autrement dit,

  1. ils empêchent que ce qu'ils contrôlent donne sa pleine mesure (par les contraintes qu'ils lui imposent, y compris dans ce qu'ils attendent de lui),

  2. et ils perdent leur autorité dans de nombreux domaines (là où ils ne comprennent pas le système contrôlé ou se laissent dominer par lui).

On peut comparer cela à l'image d'un piètre enseignant chahuté. Comme il ne sait ni canaliser son groupe, ni l'aider à s'exprimer dans les orientations voulues, il en obtient de l'énergie dissipative, peu propice au travail. Une exubérance de compensation, un tintouin d'opposition et pas d'accommodation.

Cette loi d'ASHBY justifie le principe de subsidiarité.

Définition

La subsidiarité, c'est laisser le contrôle local à ceux qui ont la perception la plus juste et la plus complète de ce qu'il convient de faire, compte tenu de leur connaissance précise des environnements d'action.

Elle s'appuie sur un principe de confiance (on évite de contrôler a priori ce qu'on peut déléguer à des personnes compétentes et de bonne foi) et un principe de prudence (on n'intervient pas sur des fonctionnements dont on sait ne pas comprendre toute la complexité).

Dans les universités, les équipes présidentielles feraient bien de laisser agir leurs unités actives (UFR, laboratoires, services de soutien) avec une autonomie d'objectifs, de fonctionnement et de gestion qui convienne à leurs caractéristiques et réponde à leurs environnements d'action.

Il n'est pas nécessaire d'imposer un cadre de contrôle très lourd, ni d'homogénéiser ou d'institutionnaliser les « façons de faire ». Qui supporterait que quelqu'un se mette à côté de lui, quand il conduit sa voiture, pour lui rappeler l'application du code ou lui imposer ses prescriptions ?

Il suffit de règles simples (sur la gestion des ressources, sur les principes de fonctionnement) et d'une vigilance par rapport aux résultats. Ce qui compte, c'est la performance obtenue au regard des moyens engagés pour y parvenir.

Exemple

« C'était l'ancien directeur d'une entreprise qui avait laissé dans les mémoires un nom respectable plusieurs années après son absorption par un groupe international (...). S'il fallait jouer au Monopoly sans règles, a-t-il dit, vous devinez aisément ce qui arriverait. Il suffit de faire le test avec des enfants. Sans règles du jeu, c'est le chaos. Tôt ou tard, on se jette les pions à la tête, on piétine les billets, on sort en claquant la porte. Je vous demande maintenant d‘imaginer ce qui se passerait si l'on remplaçait les six ou huit pages qui expliquent traditionnellement les règles de ce jeu par une centaine de volumes de grand format comptant chacune mille ou deux mille pages en très petits caractères ? Qui voudrait encore jouer ? Pour ma part, je dirais : le banquier, ses amis et quelques tricheurs. Il m'arrive de penser que c'est cette version-là du Monopoly qui s'impose aujourd'hui. Il m'arrive aussi de croire qu'un peu de simplicité et de bon sens nous aiderait davantage que de continuer à essayer de comprendre ces milliers de pages, en en rédigeant de nouvelles qui rendent les choses encore plus absurdes. Il suffirait peut-être de s'arrêter un moment et de se demander quel est le but du jeu, le vrai but du jeu » (Francis DANNEMARK, Du train où vont les choses à la fin d'un long hiver, Robert Laffont, 2011, pp. 65-66, 83).

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