Introduction au management des universités

On a besoin de modèles pour interpréter la réalité

Les modèles sont des « cartes » permettant de comprendre, d'explorer ou d'exploiter les territoires dont ils sont la représentation

On ne gère bien qu'avec des modèles d'interprétation de la réalité. Autrement dit, on n'est jamais directement dans le réel, mais on intervient sur lui à travers les représentations qu'on s'en fait.

Si ces représentations (des « cartes » du réel) ne sont pas adaptées au territoire dont elles rendent compte et aux questions qu'elles lui posent (cartes routières, économiques, physiques, géologiques, etc.), elles ne permettent pas d'agir au mieux.

Une carte routière qui se tromperait sur l'état des routes ne faciliterait en rien l'orientation du conducteur.

Sans cartographie cognitive, personne ne peut manager correctement. De son côté, le territoire réel est plus complexe que la carte. Et il évolue, car il est situé à la fois dans l'espace er le temps.

Complément

Au-delà des modèles qui servent de « cadre d'analyse », il faut toujours tenir compte des situations pratiques et des conjonctures (autrement dit de ce qui se passe au moment précis où on cherche à comprendre).

Prenons l'image des vêtements qu'on porte. Ils ont une valeur esthétique (de différenciation personnelle), une valeur sociale (de marquage, d'appartenance à des groupes), mais aussi une valeur physiologique (de protection du corps par rapport à la température, aux climats et aux saisons). Leur usage dépend des canons de la beauté (les modes), des habitudes sociales (les règles vestimentaires) et des besoins par rapport à l'espace (la latitude) ou au temps (les saisons).

Exemples de modèles pour l'université

La plupart des analyses s'accordent à concevoir les universités comme des systèmes ouverts.

Définition

Les systèmes ouverts sont en relation active avec leurs environnements institutionnels, économiques et sociaux. Certains environnements leurs sont particuliers (en fonction de leur implantation régionale ou leurs ancrages disciplinaires). Elles en partagent d'autres à travers ce que des chercheurs ont appelé « l'effet sociétal » c'est-à-dire les règles du jeu imposées dans un pays par son système politique et ses institutions – éducatives, juridiques, économiques, etc.

En France, plus encore que dans d'autres pays, on observe la coexistence paradoxale de deux modèles interprétatifs du fonctionnement universitaire :

  • Le premier (public) est centralisateur (malgré des efforts parfois réels de décentralisation et de subsidiarité). Il s'appuie sur des règles générales (lois, décrets, réglementations, procédures, logiciels, systèmes formels) qu'il impose à des structures devant rendre des comptes pour avoir des moyens publics (des dotations, des subventions) ou des autorisations de faire (des « compétences », des « habilitations » au sens « d'avoir le droit »).

    Comme on le voit, ce dispositif dépend de l'allégeance de fonctionnaires nommés à vie pour servir l'intérêt général (de l'Etat, d'un territoire ou d'une mission publique). Il est soumis au DROIT (c'est sa légitimité), les aspects économiques n'intervenant qu'en régulation secondaire (pour l'efficacité), même si elles prennent de plus en plus d'importance du fait de la réduction des moyens budgétaires de l'Etat (donc d'un besoin d'efficience).

  • Le second (privé) obéit à la loi du marché, donc à la dispersion concurrentielle des organisations (malgré des essais pour régenter ce marché par des absorptions, des fusions, des concentrations de ressources ou des ententes, des réseaux, des arrangements coopératifs visant à augmenter ses forces ou mieux se défendre). Il s'appuie sur des ressources accumulées par des « entrepreneurs » qui saisissent des occasions et prennent des risques dans des systèmes d'opportunités ou de menaces.

    Ce modèle est soumis à l'efficacité ECONOMIQUE (donc à la rentabilité des capitaux investis, ou en tout cas à la capacité économique de survie des produits et de services proposés), les aspects juridiques n'intervenant que comme des cadres de formalisation du marché concerné, ou des contraintes à respecter dans les domaines où il y a des conflits possibles d'acteurs :

    1. avec l'Etat et ses exigences d'impôts (droit fiscal) ;

    2. avec les salariés et leurs protections diverses (droit social) ;

    3. avec les clients, fournisseurs et partenaires économiques (droit des affaires).

Les universités sont aux prises, conjointement, avec les deux mondes, ce qui entraîne de fréquents paradoxes interprétatifs.

Les conflits de représentation ou d'orientation sont plus ou moins exacerbés en fonction des idéologies en présence. Par exemple, certains sont très attachés à « ce que disent les textes » (il faut, on ne doit pas), d'autres à « ce qu'impliquent les faits » (menaces, opportunités).

Exemple

Voici un cas permettant d'illustrer ce conflit interprétatif

Les universités françaises sont confrontées au marché international des enseignants chercheurs. Dans certaines disciplines, la concurrence est très rude. En France, on reste sur un marché de l'emploi soumis aux contraintes statutaires de la fonction publique, avec l'idée que le statut et les rémunérations sont les mêmes pour tous, à grade et ancienneté similaires, quelque soit la discipline et l'activité concurrentielle. Dans certains domaines très convoités, il devient difficile d'attirer les meilleurs chercheurs car ils sont captés par des pays qui paient davantage (Amérique du Nord, pays européens plus libres de leurs budgets ou plus actifs dans leurs politiques, pays en émergence à offres alléchantes).

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