Conclusion : Vers l'innovation
L'économie de la connaissance est une nouvelle forme d'économie fondée sur les opportunités offertes par la société de la connaissance. Mais qu'est-ce qui est nouveau exactement ?
Tout d'abord la valeur accordée aux connaissances, une valeur qui n'est pas seulement économique, mais qui est aussi liées aux compétences des humains qui les produisent, aux réseaux dans lesquels elles s'inscrivent, à la qualité des informations qui s'y échangent.
La valeur accordée aux connaissances est aussi économique, ce qui a une incidence sur l'organisation du travail : nouveaux métiers « intensifs en connaissances », nouvelles tâches dans la façon notamment de gérer l'information et la connaissance, nouveaux fonctionnements en réseaux, en mode projet, nouveaux outils comme les systèmes d'informations ou les plateformes collaboratives.
La valeur économique de la connaissance induit surtout un durcissement de la propriété intellectuelle et industrielle qui provoque une nouvelle façon, plus intensive, de manipuler les outils juridiques qui leur sont associés (brevets, licences, contrats ...)
Enfin apparaissent de nouvelles formes d'organisations (Clusters, Pôles de compétitivité, plateformes technologiques...), dont l'objectif est de provoquer des effets leviers sur les investissements de R&D en associant chercheurs, industriels et représentants de la société civile.
C'est donc naturellement que l'économie de la connaissance transforme progressivement la société de la connaissance en société de l'innovation. Car l'innovation est au croisement des connaissances et de leurs applications. L'innovation se distingue précisément de l'invention ou de la découverte dans la mesure où elle répond à l'expression de besoins socio-économiques nouveaux (nouvelles organisations, ou nouveaux procédés, ou nouveaux produits)
Du point de vue de l'entreprise, l'innovation présente une plus value qui améliore les performances de l'entreprise en termes de productivité, par l'Introduction de nouveaux produits, par l'accès à de nouveaux marchés, etc...
Complément :
Document 20 : BOURDIEU en ligne sur Persée.fr
Pierre Bourdieu dans « Les usages sociaux de la science » (1997) ed INRA. L'invention est du côté du chercheur dans son champ scientifique, alors que l'innovation est du côté des organisations dans leur champ de médiation. « On sait que l'un des problèmes qu'il s'agit de résoudre pour passer de l'invention à l'innovation, et sur lequel ont réfléchi nombre d'analystes, est celui de la communication entre le champ scientifique et le champ économique. Les enjeux ne sont pas les mêmes. »
Ainsi voit-on actuellement fleurir non plus seulement les politiques de recherche et de développement mais les politiques d'innovation :
La notion de politique de l'innovation, issue d'emprunts à la politique scientifique et technologique comme à la politique industrielle, est de création récente. Son apparition marque une prise de conscience grandissante du fait que le savoir, sous toutes ses formes, joue un rôle capital dans le progrès économique, mais que c'est surtout l'innovation qui est au coeur de l'économie de la connaissance du fait de son lien nécessaire aux applications.
Or l'innovation est un phénomène complexe et systémique. Les approches systémiques de l'innovation conduisent à déplacer l'accent mis sur la production de connaissances en tant que telle pour le mettre sur les interactions entre les institutions, en examinant les processus interactifs au niveau tant de la création du savoir que de sa diffusion et de son application.
L'expression “système national d'innovation”, qui fait florès, a été forgée pour caractériser cet ensemble d'institutions et de flux des connaissances qui interviennent dans le passage entre la connaissance et l'innovation.
Du point de vue de l'entreprise, l'innovation présente une plus value qui améliore les performances de l'entreprise en termes de productivité, par l'Introduction de nouveaux produits, par l'accès à de nouveaux marchés, etc...
Complément :
Document 21 :
Le manuel d'Oslo (2005), disponible sur le site de l'OCDE, se présente comme le guide de la collecte et de l'interprétation des données de l'innovation
http://www.oecd.org/searchResult/0,3400,fr_2649_34451_1_1_1_1_1,00.html
« Le Manuel d'Oslo est la principale source internationale de principes directeurs en matière de collecte et d'utilisation d'informations sur les activités d'innovation dans l'industrie. »
Fondamental :
La Société de la connaissance repose sur un phénomène technique et social qui est celui de la circulation et de l'accès à l'information fluides et intensifs grâce à l'apparition des NTICs. Qu'il s'agisse de l'échanges de données, de leur exploitation dans des systèmes d'information ou du world wide web et de l'activation des réseaux sociaux, la société de la connaissance provoque de nouveaux modes d'organisation dans les institutions, de nouvelles stratégies dans les entreprises et de nouveaux comportements chez les citoyens, qui réinventent continuellement les usages qu'ils peuvent faire des NTICs ( On peut observer les usages innovants des NTICs dans les politiques publiques -éducation, services, administration- mais aussi dans les comportements des usagers ; sur ce dernier point la vague d'émotion « planétaire » provoquée par la disparition de Steve Jobs en octobre 2011 est bien le signe de l'impact des technologies de la communication sur la vie quotidienne des citoyens, voire même dans leur «intimité » )
Mais pour qu'il y ait véritablement société de la connaissance, le simple stade technique (et émotionnel) de l'échange d'informations doit être dépassé (Les outils techniques sont les équipements des ménages, des organisations, les infrastructures, mais aussi les technologies qui permettant de nombreuses « fonctionnalités » telles que Système d'Information, de pilotage, de prospective, de reporting, de dématérialisation, de simulation, de réalité augmentée, web nomade etc.) pour qu'il y ait création de connaissance (ce qui nécessite un traitement cognitif de l'information de base). La société de la connaissance parce qu'elle met en réseau les intelligences individuelles et les communautés de connaissance devient alors promesse d'un progrès collectif.
Cette connaissance sans cesse renouvelée et enrichie participe d'une certaine forme de démocratie mais peut surtout contribuer au développement économique et social de nos sociétés. On parlera alors d'économie de la connaissance, comme d'un nouveau stade de développement où la connaissance revêt une valeur économique et produit de la richesse.
Le management de la connaissance (c'est-à-dire comment une information se transforme en connaissance, comment elle gagne en valeur ajoutée, comment elle est appelée à circuler, à être diffusée ou protégée...) devient donc un enjeu stratégique pour les organisations marchandes et non marchandes. Les répercussions sont nombreuses sur l'éducation et la formation des employés, sur les processus de production de la connaissance (en réseaux, en innovation ouverte), sur les modes d'organisations des tâches et fonctions (nouveaux organigrammes, nouveaux métiers, mode « projet »....) et sur le cadre juridique qui gère la propriété intellectuelle, industrielle notamment ( licences, brevets)
De même les politiques publiques s'inquiètent-elle aussi du management des connaissances. La politique européenne avec la mise en place de l'EES (Espace de l'Enseignement supérieur) et de l'EER (Espace Européen de la Recherche) ou encore de la fameuse stratégie de Lisbonne en témoigne. Mais les politiques nationales ne sont pas en reste et couvrent un spectre très large allant de l'administration numérique, la lutte contre la fracture numérique jusqu'au SNRI, la stratégie nationale de recherche et d'innovation. Les politiques régionales, dans le cadre de leurs compétences également, cherchent à favoriser interactions sociales, et l'activation de l'innovation et de la créativité. ( se reporter au site web SNRI – consultation du 7-10-2011- http://www.enseignementsup-recherche.gouv.fr/pid24538/strategie-nationale-de-recherche-et-d-innovation-s.n.r.i.html )
Bien entendu la recherche et l'innovation occupent une place particulière dans le cadre de l'économie de la connaissance : les impacts attendus en termes de compétitivité économique (industrielle ?) mais aussi de cohésion sociale sont nombreux.
Pourtant il faut aussi relativiser les promesses de la société et de l'économie de la connaissance, quand le partage des nouvelles connaissances produites et des nouvelles richesses engendrées n'est qu'une illusion ; quand elles se traduisent notamment par un désintérêt pour les politiques industrielles ou les politiques de l'emploi traditionnelles qui touche de plein fouet les citoyens les moins préparés aux évolutions d'une économie globalisée. Leur intérêt, s'il ne veut pas être de façade, s'il ne veut pas être un alibi aux ravages de la désindustrialisation de l'Europe notamment, doit encore être démontré.
Complément : Travaux du collège régional de prospective "Société de la connaissance" .
Société de la connaissance : L'Humain au cœur des innovations - travaux du Collège Régional de Prospective mars 2014